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Le Massif Calcaire
La découverte du Massif Calcaire, à la recherche de vestiges byzantins, est une expérience des plus enthousiasmantes. Pas moins de 700 sites ont été relevés, datant d’une période comprise entre le Ier et le VIe siècle. Plusieurs dizaines d’entre eux, des villages avec leurs maisons, leurs églises, leurs pressoirs, sont si bien conservés qu’ils semblent avoir été abandonnés avant–hier. A proximité, les hautes constructions des monastères ou les humbles ermitages rappellent la présence des hommes de Dieu. Autant d’émouvants témoignages avec les croix et les symboles qui ornent les façades des demeures, du christianisme primitif qui s’épanouit en cette antiquité tardive.
Aujourd’hui, le Massif Calcaire est loin d’être un désert : les collines se sont repeuplées de villages depuis la fin du XIXe siècle. C’est l’autre intérêt d’un périple dans la région. Les habitants vous offriront une hospitalité simple et généreuse, sans autre arrière–pensée que de fêter l’étranger de passage.

• Orientation
Le Massif Calcaire se trouve à un rayon d’une soixantaine de kilomètres, au Nord, à l’ouest et au sud d’Alep. La région est constituée d’un ensemble de plateaux séparés par des failles et des vallons, d’une altitude moyenne de 450 m et dominés par endroits par des cônes d’origine volcanique, tel le djebel Sheikh Barakat. On peut distinguer trois massifs : au Nord, le djebel Seman, qui s’abaisse au Sud vers la plaine de Dana ; au sud de celle–ci, les deux massifs parallèles des djebels Barisha et Ala, séparés par la pleine du Chelf ; tout au Sud enfin, au–delà de la plaine de Rough, le djebel Zawiyé, qui s’étend jusqu’aux environs d’Apamée. La région présente à première vue de vastes étendues arides où domine le gris du calcaire ; mais en parcourant le Massif Calcaire, on découvre que chaque repli de terrain et même les flancs des collines, sont propices à l’agriculture. Le réseau routier s’agrandit chaque année et permet de nombreuses balades en voiture ; le 4x4 n’est pas absolument indispensable. Un véhicule tout terrain sera néanmoins nécessaire pour monter au djebel Sheik Barakat et pour approcher certains villages antiques. Il est conseillé de prendre un chauffeur ou un guide, les panneaux indiquant seulement les quatre sites les plus connus. Il est préférable de faire le plein d’essence avant de partir en balade.

• Points d’intérêt principaux
En partant d’Alep tôt le matin, vous pourrez voir en une journée (bien remplie) les trois sites les mieux conservés du Massif Calcaire : le sanctuaire Saint–Siméon sur le djebel Seman, l’église de Qalb Lozé et la ville morte de Sergilla, remarquablement conservée, sur le djebel Zawiyé.

Si vous avez le temps de découvrir plus en profondeur la région, explorez chacun des djebels qui constituent le Massif Calcaire. Il est d’innombrables sites, tout proche de Saint–Siméon et Qalb Lozé, points de passage obligés, qui complètent magnifiquement ces deux hauts lieux touristiques.

• Qalb Lozé
A 12 km de Bachmili et 42 km de Saint–Siméon, l’accès au site est facile, par une route toute neuve. L’entrée est payante. L’église est ouverte tous les jours de 8 h à 18 h.

Sur les hauteurs du djebel Ala, au milieu d’un village peuplé de Druzes, l’église de Qalb Lozé a été découverte en 1862 ; elle demeure le plus bel exemple d’un style architectural et décoratif tout à fait unique, qui fleurit dans cette société agricole du Massif Calcaire.
On peut situer la construction de l’église vers le milieu du Ve siècle (elle serait antérieure à Saint–Siméon) : elle présente une série d’innovations qui seront reprises dans les grands sanctuaires du VIe siècle.
A l’intérieur, pour la première fois, des piliers massifs remplacent les colonnes que l’on trouvait jusque–là. Leur puissance permet d’augmenter la portée des arceaux entre la nef et les collatéraux, intégrant ces derniers au volume général de l’édifice.
Innovation majeure, la toiture s’appuie sur des consoles, portées par des colonnes reposant elles–mêmes sur d’autres consoles. La couverture des collatéraux, conservée sur la partie sud, consistait en de longues dalles de calcaire, formant saillie vers l’extérieur. Cet allégement du poids des superstructures permit de multiplier les ouvertures dans les claires–voies.
A l’extérieur, sur la façade ouest, un narthex (espace entre l’entrée et la nef) est flanqué de deux tours à trois étages pourvues d’escaliers : ils permettaient d’accéder à l’étage des collatéraux d’où les fidèles, les jours de grande affluence pouvaient assister à l’office. En façade, les deux tours carrées étaient reliées par un arceau cintré, dont seul subsiste le départ de gauche. C’est à Qalb Lozé qu’apparaît l’abside saillante, déterminant vers l’extérieur un chevet semi–circulaire décoré de deux ordres de colonnettes reposant sur des consoles, dispositif qui se retrouvera dans la basilique principale de saint–Siméon.
La décoration sculptée, moulures, frises, rosaces témoigne du soin apporté à la construction de l’édifice. Pour la première fois sans doute, les fenêtres sont reliées du côté extérieur par une bande moulurée continue, sauf du côté de l’abside. De même, un socle mouluré entoure l’ensemble de l’édifice.

• Sergilla
A 21,5 km de Maaret an–Nouman

Le village est le plus visité du Massif Calcaire. L’état remarquable de conservation de ses ruines, son site charmant au creux d’un wadi, et la facilité d’accès sont là pour justifier cet engouement. Le village est construit sur les deux flancs d’un vallon ; dans le creux, où l’on a relevé les vestiges des habitations les plus anciennes et les plus modestes, deux constructions remarquables se distinguent : un andron (pièce réservée aux hommes en Grèce antique) et des thermes. Le petit raidillon qui descend au fond du vallon laisse à gauche un groupe de sarcophages antiques.

• Les thermes et l’andron
Ces deux belles constructions sont disposées sur deux côtés d’un espace libre, couvert de dalles de calcaire. Il s’agit de la citerne qui alimentait le bain en eau. C’est aussi un des rares exemples dans tout le Massif Calcaire d’une place publique, qui pouvait servir à des marchés épisodiques ou à des réunions des habitants du village. Le premier bâtiment abrite des thermes. Une mosaïque découverte au début du XXe siècle et disparue depuis mentionnait le nom du généreux donateur et de sa femme, qui entreprit en 473 d’offrir l’édifice à ses concitoyens.
Le côté Nord est occupé par une longue pièce (où se trouvait la mosaïque), lieu de réunion et de déshabillage. Côté sud, se trouvait une enfilade de petites pièces, dont la salle chaude, remarquable pour la petitesse de ses ouvertures.
L’andron date de la fin du Ve siècle ; c’est un beau bâtiment à étage, de plan presque carré et ouvrant directement sur l’extérieur. Ce qui suffit à le différencier des habitations communes. En façade, vous verrez un beau double portique, dont il ne manque que la couverture.

• L’église et le pressoir
Le plan originel est difficile à deviner, l’ensemble ayant subi des modifications : du côté gauche, une basilique à trois nefs, à laquelle furent adjoints un édifice à colonnes et une salle carrée qui contient trois sarcophages. Un escalier au dessous donne accès à une crypte.
A gauche de l’église, vous verrez mieux les installations d’un pressoir : (circulaire pour installer les paniers de pressage), niché dans le mur pour fixer le bras du pressoir, meule, bassin de décantation. La taille de cette installation ainsi que son isolement font penser à une industrialisation de l’oléiculture, la principale activité du village.

• Le village
Ses maisons s’élèvent au–dessus de l’église et du pressoir. Certaines conservent encore le mur de clôture de leur cour et présentent leurs belles façades sur deux niveaux, ornées de niches et percées de portes et de fenêtres à l’encadrement mouluré. On peut prolonger la promenade en suivant un petit chemin vers la droite qui serpente entre les murs de maisons plus modestes. L’extrémité sud du site est occupée par une grande maison à belle façade, dont le rez–de–chaussée a conservé sa couverture originale.



Saint–Siméon
Trente–six ans au sommet d’une colonne : l’exploit avait en lui–même de quoi susciter l’admiration. Mais à ces qualités d’athlète de Dieu, Siméon ajoutait la douceur et la compassion qu’il prodiguait à chacun des innombrables visiteurs venus recevoir sa bénédiction. Devenue lieu de pèlerinage à la mort du saint, cette « colline inspirée » fut coiffée d’un vaste ensemble architectural, l’une des merveilles de la Syrie byzantine. Admirablement restauré, le martyrium de Saint–Siméon et le baptistère, au cœur d’un paysage superbe dans le djebel Seman, constituent une des étapes majeures d’un voyage en Syrie. Vous passerez là un moment inoubliable.
• Orientation
Saint–Siméon se trouve à une bonne demi–heure en voiture d’Alep ; la route qui mène à l’endroit mythique est une extraordinaire excursion. Comptez au moins 3h aller–retour. D’Alep également, des bus desservent Darret–Azé. Les 8 km restants se font en stop ou en taxi (environ 300 LS). Si vous optez pour un taxi collectif, comptez 800 LS pour trois heures.
• Points d'intérêt
Le site est ouvert tous les jours de 9 h à 18 h en été, 16 h en hiver. Entrée 150 LS.

Le vendredi et les jours de fête, le site se transforme en aire de pique–nique où s’ébattent des nuées d’enfants. Si vous souhaitez apprécier l’atmosphère de ce recueillement du site, venez plutôt en semaine.
La visite commence par un raidillon ombragé qui vous conduit au sommet de la colline sur une vaste terrasse. A droite se dresse la superbe façade du martyrium du saint, qui n’est pas sans évoquer les églises romanes qui fleurirent en France à partir du Xe siècle. Sa belle pierre dorée et la richesse de sa décoration en font un chef–d’œuvre d’art chrétien. Ses trois baies inégales, riches en décoration, comportent des feuilles d’acanthe qui semblent se mouvoir au souffle du vent. Le visiteur franchit un narthex, traverse l’aile d’une première basilique pour gagner le centre du monument où se dresse la base de la colonne sur laquelle se tenait Saint Siméon. C’est un large fût carré de 2 m de côté. Une relique chère au cœur des pèlerins qui en détachèrent sans doute des morceaux pour les disperser à travers le monde. La colonne marque le centre d’un martyrium, composé selon un plan tout à fait original de quatre basiliques formant une croix. La surface de l’ensemble avoisine les 4 000 m, ce qui est considérable. La cour, de forme octogonale, était probablement à l’origine couverte d’un dôme qui n’aurait pas survécu au tremblement de terre de 528. A droite, l’aile orientale est la plus imposante. Son abside, flanquée de deux absidioles, était réservée au culte, les autres ailes servant à la déambulation de la foule des pèlerins. L’aile occidentale possède une terrasse d’où la vue embrasse la vallée de l’Aafrine, les contreforts turcs de l’Amanus et les montagnes du Kurg Dag. Le tour extérieur du martyrium permet de visiter une chapelle mortuaire contre le rempart Nord édifié par les Byzantins, et surtout le superbe chevet de l’aile orientale, orné de deux ordres de colonnettes superposées qui jonchent aujourd’hui le sol. L’ensemble du martyrium fut achevé autour de 490. Légèrement postérieur, le monastère, à droite de l’allée principale, possédait, disposés autour d’une cour, une chapelle, des bâtiments monastiques et une hôtellerie.
En face du martyrium, en traversant la vaste esplanade, on atteint le baptistère qui permettait de formaliser les conversions enregistrées lors des pèlerinages.
Le cœur du bâtiment carré forme un petit octogone. Une basilique était accolée à son flanc sud. Un peu à l’ouest s’ouvrait la voie processionnelle qui permettait aux pèlerins de gagner le martyrium depuis Deir Samaan, le lieu de résidence.

Apamée
Le site antique d’Apamée, dominant la plaine du Ghab, est avec Palmyre l’un des plus beaux de Syrie. Deux temps forts dans votre visite : les 400 colonnes relevées de la Grande Colonnade, épine dorsale de la ville, et le musée d’Apamée, abrité dans un ancien khan ottoman.
La ville fut fondée vers 300 avant J.C, par Séleucos Nikatôr, premier roi séleucide en Syrie qui donna à la ville le nom de sa femme Apamée. Elle devint une cité florissante au point d'atteindre près d'un demi–million d'habitants au début de l'ère chrétienne.
De grandes figures de l'Histoire y séjournèrent: Cléopâtre, Septime Sévère, l'empereur Caracalla ; et elle fut à l'époque chrétienne un foyer de la doctrine monophysite (doctrine christologique). Le site, investi par les archéologues, a livré son passé sans difficulté, n’ayant jamais été occupé depuis l’époque antique. La plupart des monuments mis–à–jour sont de la période romaine et byzantine.

• Orientation
Situé sur la rive droite de l’Oronte, à 55 kilomètres au nord ouest de Hama, le site d’Apamée est accessible par voiture, par trois voies : de Jisr, en longeant la dépression du Ghab, d’Alep et l’Est par Khan Cheikoun, ou du Sud par Sukelbieh. C’est d’Hama ou d’Alep que l’on vient forcément à Apamée, le site n’offrante pas d’hébergement possible. La route qui mène à Apamée est un régal en elle–même. De Jisr, elle donne à en voir de toutes les couleurs : le rouge de la terre, le vert de la végétation, le blanc des fleurs de coton pigmentées de petits points rouges (le keffieh des travailleurs agricoles).
D’Alep, l’effet est aussi saisissant : la chaîne des monts Ansariyé se détache du paysage en une masse bleu sombre, une immense ligne ocre surgit du premier plan, rythmant l’espace de ses colonnes. Au–delà, perché sur une colline aux flancs abrupts, se dresse le village de Qalaat Moundiq.
Si vous avez un chauffeur, demandez–lui de vous attendre à l’entrée nord du site : cela vous évitera le retour par le même chemin et une longue marche (4 heures aller–retour) qui peut être éprouvante par grosse chaleur.
Par bus, l’idéal est de partir de Hama et de gagner Sukelbieh. De là, une correspondance pour Qalaat Moundiq vous dépose au pied de la citadelle. Compter 1 h 30 de trajet au total, sauf les vendredis où les correspondances sont moins bien assurées. Depuis Sukelbieh, vous pouvez soit descendre au niveau de Samer restaurant, face au musée, et voir les ruines par la suite, soit descendre plus loin, à l’embranchement « Afamia », et grimper vers les ruines pour finir par le musée.

Pour la visite, compter deux heures minimum. Le site est ouvert du lever au coucher du soleil (16 h en hiver, 18 h en été). L’entrée est payante (150 LS). Une cafétéria propose des rafraîchissements sur le site. Il existe également un restaurant en face du caravansérail en bas du site, ainsi qu’à Sukelbieh à sept kilomètres au sud d’Apamée.

• Points d'intérêt
• La Colonnade
La cité se distingue par ses longs remparts et par son artère principale bordée de colonnes torsadées, édifiées au IIe siècle après JC.
C’est par ce cœur de la ville antique que la visite commence. Cette artère principale mesurait près de deux kilomètres et était large de 37,5 m. Les mosaïques découvertes à Apamée témoignent de l'importance et de la beauté de ses monuments. Les colonnes sont restées debout jusqu'au XIIe siècle quand deux violents séismes les détruisirent.
Vers le sud, sur 50 mètres, on atteint une rotonde qui est en fait une église du VIe siècle. Elle contenait les restes de saint Come et saint Damien.
Au Nord, se trouve le cœur de la riche Apamée, là où les boutiques rivalisaient de grandeur avec les édifices publics. Plus loin, on pénètre la carte postale d’Apamée : les cannelures torses de l’imposante colonnade. En face, le tycheion, temple dédié à la divinité protectrice d’Apamée. Derrière, vous trouverez l’agora et sa façade aux remarquables colonnes. Plus à l’Ouest, se dressait l’ancien temple de Zeus Baalos, détruit sur ordre de l’évêque Marcel.
Plus loin sur la droite, deux pierres superposées illustrent le mythe de Lycurge retenu prisonnier dans une vigne, sur ordre de Dionysos. On atteint ensuite une nouvelle colonnade votive (14 mètres de haut) pour parvenir au nord de la ville reconstruit à partir de 117. Les thermes, qui témoignent de l’ère de Trajan sont dotés d’un tepidarium précédant un cadarium dont l’abside en cul–de–four possède encore ses fenêtres. La porte nord, marquée par un arc très éboulé permet d’apprécier l’enceinte de la ville qui courait sur près de 6 km. Sa partie nord est bien préservée, notamment ses bastions construits par Justinien.

• Le quartier est
En remontant la colonnade et poursuivant la route à l’Est, on atteint un quartier résidentiel dont l’une des riches demeures a été joliment restaurée. La maison aux consoles est construite autour d’un péristyle à colonnes aujourd’hui relevées. Son aménagement avec une fontaine et une sorte d’iwan annonce une disposition qui deviendra classique dans les demeures syriennes. La façade est également remarquable.
C’est dans ses environs que de rares mosaïques, aujourd’hui exposées au musée d’Apamée et aux Musées Royaux de Belgique, ont été trouvées : dans les restes de cet édifice aux triclinos, et dans ceux de la cathédrale, à l’Est.

• Le Théâtre romain
Le Théâtre romain d’Apamée est l'un des plus grands théâtres antiques connus ; sa scène dépassait les 145 m. Il daterait de la seconde moitié du IIe siècle. Le théâtre a longtemps servi de carrière pour les constructions plus modernes. Des fours à chaux ont même été découverts dans ses murs.

• La citadelle
Face au théâtre, elle incorpore de nombreux matériaux de réemploi antique (notamment des fûts de colonnes) Du haut de la citadelle, la vue admirable sur le site à l’est, et la dépression du Ghab dominée par le djebel Ansariyé à l’ouest, dénote l’importance stratégique du lieu. Les ruelles dallées du village ne manquent pas de pittoresque. À l’entrée, vous verrez également un raidillon raviné par les pluies qui mène à une mosquée ottomane au minaret octogonal, puis au khan.

• Le khan (musée d’Apamée)
Ouvert de 8 h à 14 h tous les jours. Entrée 50 LS.

La vaste cour presque carrée du khan dessert de longues galeries qui abritent une collection de mosaïques, de stèles et de sarcophages d’Apamée et de sa région. Bâti par les Ottomans, ce caravansérail servait d’hébergement aux pèlerins en route pour la Mecque. Parmi les étapes caravanières qui subsistent en Syrie, il est certainement la plus imposante. Les cheminées des galeries sont là pour rappeler la rudesse de l’hiver. La cour abrite également une vaste collection épigraphique. Dans la première galerie, vous découvrirez deux superbes mosaïques, parmi la belle collection que possède le musée : Socrate et les sages, et le Jugement des Néréides.



À l’ouest des vestiges d'Apamée se trouve la citadelle d'Al–Mudhiq qui marquait la ligne de défense sur tout le long de l'Oronte. Elle vit se dérouler de violentes batailles durant les guerres contre les Croisés jusqu’à ce que Noureddine la conquît définitivement en 1149.
Cette citadelle possède de très hautes tours qui surplombent la plaine du Ghab. Il existe aussi à Apamée un Khan construit à l’époque ottomane (XVIe siècle) et qui fut longtemps le gîte des caravaniers. Ce khan est aujourd’hui en bon état de conservation avec ses salles hautes et voûtées disposées autour d’une vaste cour. Il a été aménagé en musée et abrite les antiquités d'Apamée et ses mosaïques.

• Environs d’Apamée : Shaizar et Huarte
A 21 km au sud est d’Apamée, le château de Shaizar occupe un site splendide, en surplomb de la route qui relie Hama et Apamée. Il est construit sur un éperon rocheux qui domine une profonde gorge au fond de laquelle coule l’Oronte. Même s’il présente des similitudes avec les châteaux des Francs, Shaizar est un ouvrage entièrement musulman. Sa tour principale est carrée et domine l’ensemble des fortifications défensives. Les inscriptions arabes au–dessus de son entrée remontent à l’époque des Mamelouks, qui rénovèrent le château après les destructions du tremblement de terre de 1157. Le nom de cette citadelle est attaché à celui de son commandant, le chevalier et poète arabe Ousama Ibn Munqidh, l’un des plus éminents héros ayant résisté aux Croisés.

Huarte se trouve au nord du village moderne d’Apamée ; il s’agit d’un très beau site naturel : un petit village de Bédouins sédentarisés sur une croupe rocheuse que domine une couronne de collines. Une mission française y a mis–à–jour un ensemble ecclésial du Ve siècle. Certaines mosaïques du musée d’Apamée proviennent d’Huarte. Les ruines très dégradées de deux églises et de leur baptistère intéresseront surtout les passionnés d’archéologie.


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Ebla
Site historique éminemment important, Ebla ne fut découverte qu’en 1964 par une mission de l’Université de Rome. Au terme de onze ans de fouilles, les tablettes des Archives royales furent mises à jour.
Un fabuleux trésor qui allait ébranler l’idée bien ancrée qu’en dehors de la Mésopotamie, il n’y avait pas d’histoire sérieuse au IIIe et à la fin du IIe millénaire en Syrie. On découvrait, loin de l’Euphrate, une civilisation brillante qui possédait sa langue, l’éblaite, et entretenait des relations commerciales avec les empires voisins.

• Orientation
Ebla est accessible en voiture, en remontant sur Alep depuis Maarat, et en prenant la direction de Tell Mardikh–Ebla ; possible aussi depuis Alep, prendre l’autoroute vers Damas, et rejoindre la route vers Ebla 6 km après Saraqeb. Le site se trouve juste après un village traditionnel en pain de sucre.
En bus, sur la route entre Alep et Hama, vous pouvez être déposé à l’embranchement pour Ebla. Une marche de vingt minutes conclut le périple à travers le village, puis au site.

Le site et le musée sont ouverts tous les jours de 9 h à 18 h ; l’entrée est payante (150 LS). Prévoyez jusqu’à 2 h de visite car le site est vaste. Vous pouvez vous ravitailler sommairement dans les petites épiceries du village, et trouverez des restaurants à Saraqeb.

• Points d'intérêt
• Le musée d’Ebla
L’entrée est payante (150 LS).
Construit en brique rouge dans un style mésopotamien, ce petit musée donne à découvrir les plans du site, les plans de fouille et les pièces exhumées, sous forme de photos. Il est ainsi intéressant de le visiter avant de découvrir le site. La majeure partie des pièces est répartie dans les musées d’Alep, de Damas et d’Idlib.

• Le site
On y parvient par la route à flanc de colline après le musée. Le site d’Ebla présente une immense soucoupe, centrée autour de l’antique acropole. Au pied du site s’étendait la ville basse qui comptait jusqu’à 30 000 habitants à son époque la plus prospère. La partie la mieux préservée est celle du centre gouvernemental, avec ses escaliers qui grimpent sur l’acropole. C’est au sud de l’escalier donnant sur la cour des Audiences, dans une salle du rez–de–chaussée, qu’étaient entreposées les fameuses tablettes. Le palais royal a livré de nombreux chefs–d’œuvre démontrant le haut niveau technique auquel étaient parvenus les artisans d’Ebla.
Sur l’acropole, on a dégagé un grand temple, probablement dédié à la déesse Ishtar – déesse de l’amour physique et de la guerre (vers 1900 avant JC).
En poursuivant au Sud dans l’axe de la route, on atteint une porte monumentale qui a été dégagée. Elle possède des orthostates (sortes de menhirs) de basalte et de calcaire. Cette entrée de la ville, qui date de la période Amorrite, est surmontée d’un mur en bloc équarri de la période islamique remontant au début du IIe millénaire.

Hama
A 207 km au nord de Damas et à 90 km à l'est de Baniyas, la traditionnelle Hama a été le siège d'un royaume florissant et a connu toutes les civilisations qui se sont succédées en Syrie depuis les Araméens. Elle contribua héroïquement à la défense de la terre syrienne contre les invasions étrangères, notamment celles des Assyriens. C'est en effet Hama qui arrêta en 855 avant J.–C. les troupes de Salmanasar à Qarqar sur l'Oronte.
Il reste cependant peu de vestiges anciens à Hama. Le reste des quartiers anciens se trouve du côté du palais Azem. Hama doit surtout sa renommée à ses énormes norias (machines hydrauliques) qui tirent l'eau de l'Oronte pour arroser vergers et jardins. On a d’ailleurs reproduit l’image de ces norias, gravées sur pierre ou sur mosaïque : vous pouvez les voir au Musée de Damas. Le spectacle seul de ces norias justifie un passage à Hama.

• Orientation
La ville est facilement accessible en voiture, étant desservie par l’autoroute Damas–Alep.
Les bus Pullman partent du centre–ville, devant leurs bureaux que vous trouverez facilement. Ils desservent tous les jours Damas, Homs, Lattaquié, Tartous, Raqqa, Alep, Idlib et Muharde. La gare routière des autres bus est éloignée du centre ; vous devrez ainsi prendre un taxi pour rejoindre le centre–ville.
Compter 2 à 3 h de visite. Le mieux est de partir de l’hôtel Cham pour découvrir le vieux Hama, puis de suivre la promenade aménagée au bord de l’Oronte pour atteindre les norias. Plusieurs cafés et restaurants offrent d’agréables terrasses avec vue sur les norias. Notez que Hama est réputée pour être une ville où l’on mange très bien.

• Points d'intérêt
• Les norias
On en compte encore aujourd’hui 17 dans la ville, et de nombreuses autres dans la campagne environnante. Leur origine remonterait au IVe siècle après JC.
Une noria sert à élever l’eau grâce au courant pour arroser les jardins qui surplombent le lit du fleuve. De grandes roues en bois munies de godets tournent comme des moulins au rythme du fleuve. Hissée au sommet de la noria, l’eau est déversée dans un chenal en pierre qui la conduit en pente douce le plus loin possible des rives, sans le moindre effort humain. La seule touche humaine nécessaire, outre la construction, réside dans l’entretien du bois, qui s’use au contact de l’eau. Le grincement du bois, le ruissellement de l’excédent d’eau, la fine pluie portée par le vent ont un charme inoubliable.
Vous verrez un joli groupe de norias dans le centre–ville près du jardin public. Mais le groupe le plus imposant, « le groupe des quatre norias » se trouve à l’Est, à 1 km en remontant le fleuve. La noria Mouhammadiya est située en aval de la citadelle ; avec ses 21 m de diamètre, c’est la plus haute de Hama. Elle date du XIVe siècle.

• Le palais Azem
Ouvert tous les jours sauf les mardis, de 9 h à 18 h. Entrée 150 LS.
Sur la rive gauche de l’Oronte, près du centre–ville, face au jardin public, le palais Azem a été construit par le même gouverneur que le palais de Damas (Azem Pasha), sans l’égaler toutefois. Le palais reste un superbe édifice du XVIIIe siècle, par ses dimensions, son plan à niveaux et ses échappées sur l’Oronte.

• Le quartier historique
Le hammam Othmaniya, vieux de 850 ans, présente de beaux parterres de marbre. Il est situé à l’entrée de la rue qui dessert le musée.
La ruelle à droite après le palais Azem permet d’atteindre, le long d’une belle noria, la mosquée an–Nouri (seulement accessible aux heures de prière). Fondée par Noureddin en 1172, elle est surmontée de petits dômes blancs. Son minaret carré est composé de bandes de pierres noires et blanches. A l’intérieur, outre un superbe minbar d’origine, on notera le remploi de matériaux antiques.
Non loin, vous verrez la citadelle, aujourd’hui transformée en jardin public, avec bancs, tables et ombrage, elle permet de se faire une idée de l’importance de Hama (quatrième ville du pays) et offre de jolis points de vue sur l’Oronte.
Au Nord, on aperçoit, outre la grande noria Mouhammadiya, la mosquée des Serpents (al–Hayyat) sur la rive droite. Elle abrite le mausolée de l’émir de Hama, Abou al–Fida, historien et géographe célèbre, mort en 1331.
En contrebas, vers l’entrée de la citadelle, la mosquée al–Hassanayn et la Grande Mosquée de Hama peuvent retenir votre attention. La Grande Mosquée, aux fondations byzantines, date des Omeyyades. Tout près, vous verrez l’animation de l’église orthodoxe.
Les souks sont situés au sud des norias du centre–ville. Il y subsiste le khan Roustoum Pasha, centre d’artisanat.

• Le musée archéologique
Ouvert de 9 h à 16 h en hiver, jusqu’à 18 h en été. Entrée 150 LS.
Un peu excentré, proche du Cham hôtel, le musée abrite un chef–d’œuvre d’art antique daté de la fin du IIIe siècle avant JC : la mosaïque des musiciennes. Elle fut découverte dans une villa de la localité de Mariamin, dans le djebel Ansariyé. Six femmes y sont représentées jouant d’instruments de musique antiques (castagnettes, flûte, orgue, cymbales).

• Aux environs de Hama : Mysiaf, Wado al–Ouyoun
• Le château de Misyaf est situé à 50 km à l'est de Banyas, à 400 m d'altitude. Ce très beau site naturel possède la plus importante citadelle des Assassins. Les Croisés l’ont occupée un temps en 1103 ; puis elle fut libérée par les Arabes et Musulmans en 1140. La citadelle domine une grosse bourgade agricole, de vignobles, de grenadiers, de mûriers et d'amandiers.
Le plan de la citadelle est assez simple : un donjon rectangulaire au centre d’une enceinte ovale défendue par des saillants et construite en pierres de petit appareil. Vous reconnaîtrez au passage des matériaux grecs, romains et byzantins provenant de constructions antérieures.
Visite tous les jours de 9 h à 16 ou 18 h ; entrée 150 LS.

•Wadi al–Ouyoun est une jolie station estivale proche de Misyaf, où coulent plusieurs petites sources. Vous y trouverez des hôtels agréables, et pourrez de là continuer un périple dans la magnifique région, sur les traces des « Assassins », notamment Qadmous, qalaat al–Kahf, qalaat al–Khawabi, et qalaat al–Maniqa.

Homs
Située à 160 km au nord de Damas, Homs est la troisième ville de Syrie. Elle fut le terrain de l'une des principautés arabes qui se constituèrent en terre syrienne au début du second siècle avant JC. Elle était également, après Doura Europos et Palmyre, la troisième étape sur la route de la soie allant vers la Méditerranée.
Située à la lisière du désert, Homs sert de marché agricole ; l’industrie locale est traditionnellement liée au textile. Mais il subsiste peu du passé glorieux de la métropole, souvent atteinte par des tremblements de terre.
Homs conserve néanmoins le souvenir de plusieurs personnages historiques : c’est par exemple la famille de Bassius, gouverneur de Homs, qui mariant sa fille au tout puissant Septime Sévère, donna le jour à trois Césars de l’empire romain (Caracalla, Héliogabale et Sévère Alexandre). C'est également à Homs que le philosophe Cassius Longin et le médecin Mar Elian naquirent.
Les principaux attraits de Homs résident dans ses souks médiévaux très animés et colorés, et dans les peintures du XIIe siècle d’une de ses églises. Pour les Chrétiens orientaux, Homs est une ville de pèlerinage, pour la précieuse relique que conserve une autre de ses églises : la ceinture de la Vierge.

• Orientation
La troisième ville de Syrie est naturellement bien desservie, en voiture par les autoroutes, en train (même si la gare est excentrée) et en bus.
L’immense terminal de bus est situé sur la route de Hama, non loin de la mosquée al–Walid. Des bus partent très fréquemment pour toutes les directions.
Vous trouverez également des taxis dans Al Qouwatli, en face du musée ; ils desservent notamment Tarablous (Tripoli) au nord du Liban.
Il est très facile de se repérer dans Homs. Il existe deux places principales, deux rues principales (Hama et Al Qouwatli), le souk et le « garaj’ ».

• Points d'intérêt
Compter deux ou trois heures pour faire le tour des attractions.

Musulmans ou Chrétiens, ce sont surtout les lieux de culte que l’on vient voir à Homs. Sans oublier le souk, traditionnel et très animé.
Le plus central des monuments de la ville, la mosquée al–Nouri ou Grande Mosquée, se trouverait à l’endroit de l’ancien temple du soleil qui fut ensuite converti en cathédrale Saint–Jean. L’évolution du site serait ainsi la même que celle de la Grande Mosquée de Damas.

A voir également, proche de la Grande Mosquée, le khan al–Harir, un des anciens foyers de la tradition locale de la soie.
Des nombreux hammams que compte la vieille ville, celui de Saghir est l’un des plus fréquentés et probablement le plus ancien.
Un autre sanctuaire musulman se trouve sur la route d’Alep et de Hama, à 500 m de Chouhada Square. Il s’agit de la mosquée Ibn al–Walid, dont les coupoles métalliques réfléchissent le soleil. Vous remarquerez ses deux hauts minarets et les fines arcades en pierres blanches et noires, disposées en bandes horizontales conformément à la tradition architecturale syrienne.
Les femmes devront revêtir l’habit musulman. L’entrée qui leur est réservée se trouve sur la droite, interdite pendant les heures de prière.

Siège d’une importante communauté grecque orthodoxe, Homs est une ville aux multiples églises. Lieu de pèlerinage, l’église Oum–al–Zounnar ou église de la Ceinture de la Vierge, ancien siège du patriarcat syrien catholique, présente surtout un intérêt pour le morceau de tissu exhumé du dessous de l’hôtel (en 1953) qui serait la ceinture de la Vierge Marie.
Autre église à voir, celle de Saint–Elian ou église de Mar Elias, proche de l’ancienne muraille. La vie du saint local, célébré le 6 février, illustre les déchirements liés aux conversions religieuses et à la souffrance des premiers Chrétiens. En 1970, lors de la restauration de l’église, on découvrit un ensemble de fresques dans ce qui est considéré comme un ancien martyrium. Certaines seraient datées du XIIe siècle et remplaceraient des mosaïques du VIe siècle.

• Les environs de Homs, Qatna et Salamiyé
Le petit village de Mishrifé, à 15 km au nord est de Homs vers Salamiyé, se profile derrière les impressionnants remparts de Qatna. Il est possible de faire le tour du site en voiture, via une piste carrossable.
Pendant la première moitié du IIe millénaire avant JC, cette cité contrôlait un important royaume sur la route du Sud reliant la Mésopotamie à la côte via Palmyre. C’est l’énormité des fortifications qui vous saisira. Lors de fouilles, on découvrit un temple et son bassin sacré, les soubassements d’un palais, des tombeaux et la porte Ouest qui marque l’entrée du site.

A 36 km de Hama, Sayamihé est une ville prospère et dynamique, elle compte 60 000 habitants. Elle a été un centre ismaélien avant le Moyen Âge, et connut une renaissance à partir de 1943. Vous pourrez y voir le qalaat Shmemis, qui couronne un cône volcanique aux versants très abrupts. Elle fut fondée au XIIIe siècle par le gouverneur ayyoubide de Hama. Au sommet, un fossé fut creusé dans la roche devant le mur d’enceinte assez bien conservé. Une longue rampe conduit jusqu’à la muraille que l’on ne peut gravir qu’à pied ou en 4x4.