Aujourdhui, le Massif Calcaire est loin dêtre un désert : les collines se sont repeuplées de villages depuis la fin du XIXe siècle. Cest lautre intérêt dun périple dans la région. Les habitants vous offriront une hospitalité simple et généreuse, sans autre arrière–pensée que de fêter létranger de passage.
• OrientationLe Massif Calcaire se trouve à un rayon dune soixantaine de kilomètres, au Nord, à louest et au sud dAlep. La région est constituée dun ensemble de plateaux séparés par des failles et des vallons, dune altitude moyenne de 450 m et dominés par endroits par des cônes dorigine volcanique, tel le djebel Sheikh Barakat. On peut distinguer trois massifs : au Nord, le djebel Seman, qui sabaisse au Sud vers la plaine de Dana ; au sud de celle–ci, les deux massifs parallèles des djebels Barisha et Ala, séparés par la pleine du Chelf ; tout au Sud enfin, au–delà de la plaine de Rough, le djebel Zawiyé, qui sétend jusquaux environs dApamée. La région présente à première vue de vastes étendues arides où domine le gris du calcaire ; mais en parcourant le Massif Calcaire, on découvre que chaque repli de terrain et même les flancs des collines, sont propices à lagriculture. Le réseau routier sagrandit chaque année et permet de nombreuses balades en voiture ; le 4x4 nest pas absolument indispensable. Un véhicule tout terrain sera néanmoins nécessaire pour monter au djebel Sheik Barakat et pour approcher certains villages antiques. Il est conseillé de prendre un chauffeur ou un guide, les panneaux indiquant seulement les quatre sites les plus connus. Il est préférable de faire le plein dessence avant de partir en balade.
• Points dintérêt principauxEn partant dAlep tôt le matin, vous pourrez voir en une journée (bien remplie) les trois sites les mieux conservés du Massif Calcaire : le sanctuaire Saint–Siméon sur le djebel Seman, léglise de Qalb Lozé et la ville morte de Sergilla, remarquablement conservée, sur le djebel Zawiyé.
Si vous avez le temps de découvrir plus en profondeur la région, explorez chacun des djebels qui constituent le Massif Calcaire. Il est dinnombrables sites, tout proche de Saint–Siméon et Qalb Lozé, points de passage obligés, qui complètent magnifiquement ces deux hauts lieux touristiques.
A 12 km de Bachmili et 42 km de Saint–Siméon, laccès au site est facile, par une route toute neuve. Lentrée est payante. Léglise est ouverte tous les jours de 8 h à 18 h.• Qalb Lozé
Sur les hauteurs du djebel Ala, au milieu dun village peuplé de Druzes, léglise de Qalb Lozé a été découverte en 1862 ; elle demeure le plus bel exemple dun style architectural et décoratif tout à fait unique, qui fleurit dans cette société agricole du Massif Calcaire.
On peut situer la construction de léglise vers le milieu du Ve siècle (elle serait antérieure à Saint–Siméon) : elle présente une série dinnovations qui seront reprises dans les grands sanctuaires du VIe siècle.
A lintérieur, pour la première fois, des piliers massifs remplacent les colonnes que lon trouvait jusque–là. Leur puissance permet daugmenter la portée des arceaux entre la nef et les collatéraux, intégrant ces derniers au volume général de lédifice.
Innovation majeure, la toiture sappuie sur des consoles, portées par des colonnes reposant elles–mêmes sur dautres consoles. La couverture des collatéraux, conservée sur la partie sud, consistait en de longues dalles de calcaire, formant saillie vers lextérieur. Cet allégement du poids des superstructures permit de multiplier les ouvertures dans les claires–voies.
A lextérieur, sur la façade ouest, un narthex (espace entre lentrée et la nef) est flanqué de deux tours à trois étages pourvues descaliers : ils permettaient daccéder à létage des collatéraux doù les fidèles, les jours de grande affluence pouvaient assister à loffice. En façade, les deux tours carrées étaient reliées par un arceau cintré, dont seul subsiste le départ de gauche. Cest à Qalb Lozé quapparaît labside saillante, déterminant vers lextérieur un chevet semi–circulaire décoré de deux ordres de colonnettes reposant sur des consoles, dispositif qui se retrouvera dans la basilique principale de saint–Siméon.
La décoration sculptée, moulures, frises, rosaces témoigne du soin apporté à la construction de lédifice. Pour la première fois sans doute, les fenêtres sont reliées du côté extérieur par une bande moulurée continue, sauf du côté de labside. De même, un socle mouluré entoure lensemble de lédifice.
A 21,5 km de Maaret an–Nouman• Sergilla
Le village est le plus visité du Massif Calcaire. Létat remarquable de conservation de ses ruines, son site charmant au creux dun wadi, et la facilité daccès sont là pour justifier cet engouement. Le village est construit sur les deux flancs dun vallon ; dans le creux, où lon a relevé les vestiges des habitations les plus anciennes et les plus modestes, deux constructions remarquables se distinguent : un andron (pièce réservée aux hommes en Grèce antique) et des thermes. Le petit raidillon qui descend au fond du vallon laisse à gauche un groupe de sarcophages antiques.
Ces deux belles constructions sont disposées sur deux côtés dun espace libre, couvert de dalles de calcaire. Il sagit de la citerne qui alimentait le bain en eau. Cest aussi un des rares exemples dans tout le Massif Calcaire dune place publique, qui pouvait servir à des marchés épisodiques ou à des réunions des habitants du village. Le premier bâtiment abrite des thermes. Une mosaïque découverte au début du XXe siècle et disparue depuis mentionnait le nom du généreux donateur et de sa femme, qui entreprit en 473 doffrir lédifice à ses concitoyens.• Les thermes et landron
Le côté Nord est occupé par une longue pièce (où se trouvait la mosaïque), lieu de réunion et de déshabillage. Côté sud, se trouvait une enfilade de petites pièces, dont la salle chaude, remarquable pour la petitesse de ses ouvertures.
Landron date de la fin du Ve siècle ; cest un beau bâtiment à étage, de plan presque carré et ouvrant directement sur lextérieur. Ce qui suffit à le différencier des habitations communes. En façade, vous verrez un beau double portique, dont il ne manque que la couverture.
Le plan originel est difficile à deviner, lensemble ayant subi des modifications : du côté gauche, une basilique à trois nefs, à laquelle furent adjoints un édifice à colonnes et une salle carrée qui contient trois sarcophages. Un escalier au dessous donne accès à une crypte.• Léglise et le pressoir
A gauche de léglise, vous verrez mieux les installations dun pressoir : (circulaire pour installer les paniers de pressage), niché dans le mur pour fixer le bras du pressoir, meule, bassin de décantation. La taille de cette installation ainsi que son isolement font penser à une industrialisation de loléiculture, la principale activité du village.
Ses maisons sélèvent au–dessus de léglise et du pressoir. Certaines conservent encore le mur de clôture de leur cour et présentent leurs belles façades sur deux niveaux, ornées de niches et percées de portes et de fenêtres à lencadrement mouluré. On peut prolonger la promenade en suivant un petit chemin vers la droite qui serpente entre les murs de maisons plus modestes. Lextrémité sud du site est occupée par une grande maison à belle façade, dont le rez–de–chaussée a conservé sa couverture originale.• Le village