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La région côtière
Le littoral syrien, avec sa montagne qui le borde de près (le djebel Ansariyé), est une invitation à la découverte de près de 4000 ans d’histoire. Au IIe millénaire avant notre ère, les Cananéens d’Ougarit donnèrent à l’humanité son premier alphabet ; puis leurs descendants phéniciens laissèrent leurs curieuses sépultures ainsi qu’un vaste temple à Amrit, au Sud de Tartous. Les Grecs, puis les Romains, firent de Lattaquié leur grand port, tandis que plus tard celui des Croisés fut Tartous, où abordaient les vaisseaux chargés de pèlerins venus de toute la Chrétienté. La région fut le cœur battant de la Syrie franque. Hantées par le souvenir des Templiers ou des Hospitaliers, d’impressionnantes forteresses ponctuent toujours les hauteurs du djebel Ansariyé : le Krak des Chevaliers bien sûr, mais aussi le Marqab et le château de Saône, pour ne citer que les plus belles. Face aux citadelles chrétiennes, les Ismaéliens (les Assassins) fortifièrent une série de places, dans les endroits les plus reculés de la montagne. Si la plupart de leurs châteaux ont été démantelés, à l’exception de Masyaf, ils peuvent être le prétexte de somptueuses balades à travers le pays.
La côte offre également ses plages à Lattaquié et tout au Nord du pays. Profitez ainsi d’une retraite dans un hôtel de luxe face à la mer, ponctuée de bains dans la Méditerranée, avant et après vos excursions dans la région. Autre possibilité : se fixer dans les montagnes de l’arrière pays, où jolis hôtels et air frais offrent une retraite au grand charme.

Le Krak des Chevaliers
« Le plus admirable de tous les châteaux du monde », comme le décrit Lawrence d’Arabie, a su défier le temps, offrant ses remparts au vent depuis le temps des Croisades. La vue du haut du donjon embrasse un vaste territoire qui s’étend des monts du Liban à la plaine de Homs et à la côte méditerranéenne où la mer scintille au soleil couchant. Pour les autorités mandataires françaises, le Krak des Chevaliers fut un symbole : celui d’une présence occidentale séculaire en Orient. Si bien que la République l’acheta en 1933 et le déclara monument français. Aujourd’hui, le château vedette de Syrie tient encore toutes ses promesses : c’est probablement la plus belle place forte que l’on peut voir en Terre Sainte, un sommet de l’architecture militaire médiévale. L’Unesco ne s’y est pas trompée en inscrivant le lieu au patrimoine mondial de l’humanité en 2006.
• Orientation
Le plus pratique est d’y accéder en voiture, depuis Homs à 60 km (direction Tartous, puis suivre les panneaux indicateurs). En taxi, le trajet Tartous – le Krak – Homs revient à environ 1000 LS pour 2 h de route.
Quelques bus au départ de Homs se rendent également au Krak le matin.
Le Krak est ouvert tous les jours, de 9 h à 16 h en hiver, jusqu’à 18 h en été. L’entrée est payante (150 LS). Possibilité de visites guidées en anglais. Compter 1 h 30 de visite.

• Points d’intérêt
Comparé aux autres forteresses de Syrie comme Saône ou Marqab, le Krak des Chevaliers présente une organisation originale. Le château est plus ramassé (deux hectares et demi au lieu de cinq à Saône). Autre différence notable, l’absence de cour basse, souvent difficile à défendre. On a préféré une architecture fonctionnelle, avec une enceinte intérieure comportant l’essentiel des constructions ainsi qu’un large fossé entouré d’une deuxième enceinte et épousant complètement la première.
C’est en prenant un peu d’altitude, par la route qui longe le Krak par l’Ouest qu’on apprécie le mieux la puissance de la forteresse. Sur cette face, cinq tours avec mâchicoulis entourent le glacis de l’enceinte intérieure, d’où dépassent à droite les tours formant un donjon. Toujours au Sud, la tour carrée, ornée de deux lions et d’une frise célébrant sa restauration entreprise par le sultan Qaaloun en 1285 est précédée d’un aqueduc à quatre arches qui achemine l’eau à l’intérieur de la forteresse. (L’harmonie et la puissance de l’ouvrage éclatent au grand jour depuis le restaurant de la Table Ronde).

L’entrée, autrefois équipée d’un pont–levis, est accessible par le bastion où une calligraphie désordonnée relate la restauration de Baïbars. Sitôt entrée, on se trouve au pied d’une longue rampe en pente douce. Le dallage irrégulier facilitait la montée des chevaux. On dépasse à gauche de vastes salles (salles de garde ou écuries de plus de 60 m de long sans pilier central). Le couloir tourne brusquement à droite, gagnant le cœur de la citadelle. On y revient en fin de visite. Continuant tout droit, on passe sous un bastion avant d’atteindre le berqil, vaste bassin d’eau. Le bastion est orné de deux lions. Le hammam arabe construit en sous–sol est bien conservé. On y accède par un escalier dissimulé sous une végétation dense, le long du front Est.

Le berqil sur la droite est un bassin immense de plus de 70 m de long, alimenté par un aqueduc. Parallèle au bassin, une salle voûtée de plus de 60 m servait d’écurie. Le chemin se poursuit à l’intérieur des écuries. Elles donnent accès à une tour ronde, soutenue par un pilier central portant le nom complet de Baïbars. Par les escaliers, on gagne une terrasse qui débouche sur la tour carrée Sud.

En redescendant, on atteint un vaste fossé ménagé par l’espace qui sépare l’enceinte extérieure et l’enceinte intérieure. On admirera sur la droite le glacis intérieur aux blocs merveilleusement appareillés. A trente mètres, on découvre dans ce même glacis un court passage voûté menant à un puits encore rempli d’eau.
En poursuivant dans le fossé, on atteint la tour de la Fille du roi. Rectangulaire, elle est protégée par un dispositif à trois rangées d’arc, permettant d’attaquer les assaillants en toute sécurité. En contournant le rempart intérieur par le fossé encombré sur ce versant des constructions, on arrive à une tour qui surplombe la rampe d’accès.
Sur la tour Nord, fonctionnait un moulin à vent. De la rampe d’accès, accessible à quelques mètres, on pénètre par deux volées d’escaliers dans la cour intérieure de la forteresse.
Le visiteur est aussitôt attiré par la façade gothique de la galerie, datée du XIIIe siècle. Cinq baies élégantes éclairent une loggia percée de deux portes. Le tympan est particulièrement beau.

Dans la salle derrière la galerie se tenait le conseil des Chevaliers, ainsi que les réceptions des visiteurs de marque, d’où son appellation de Salle des Chevaliers. Longue de 27 m, elle comporte trois travées sur croisées d’ogive. Sur le pilier Nord, on peut encore lire une inscription latine que l’on peut traduire par : « Aie la richesse, aie la sagesse, aie la beauté, mais garde–toi de l’orgueil qui souille tout ce qu’il approche ». La phrase est de Vincent de Beauvais, un moraliste du XIIIe siècle.
De la Salle des Chevaliers, on atteint une autre pièce immense (120 m) dont la voûte brisée, haute de 10 m, représente un réel exploit. Dortoir pour les troupes, c’est ici qu’étaient également gardées les réserves. Des latrines subsistent au Nord–Ouest alors qu’à l’opposé on relève les traces d’un four à pain impressionnant (21 m2) et d’un puits.

Dans la cour, tranchant avec l’élégance joyeuse de la galerie, s’élève une austère chapelle. Une abside en cul–de–four, une nef à trois travées voûtées en berceau brisé, tout rappelle ici les églises romanes que connaissaient les premiers Croisés. Il ne manque que les fresques qui décoraient les parois et dont certaines portions sont exposées dans le restaurant moderne de la forteresse. Un lourd minbar (chaire) atteste de la conversion de l’église en mosquée après sa chute.
Donnant également sur la cour, une vaste salle rectangulaire supportée par des piliers carrés, servait vraisemblablement de réfectoire. Dans des trous creusés à même le sol, étaient gardés huile, blé, vin, conservés dans des jarres.

De la terrasse du réfectoire, on parvient au donjon composé de trois tours ; contrairement aux autres châteaux forts, il n’est pas isolé mais fait corps avec l’enceinte intérieure. La tour Sud–Est est la plus large et la mieux défendue. La tour centrale compte trois étages. Quant à la troisième tour, qu’on atteint par un parapet, elle aurait été attribuée au maître de logis en raison de la finesse de la décoration de la salle du deuxième étage où une frise de rosettes danse le long des murs.
C’est de ce sommet, accessible par un escalier à vis, que l’on jouit du meilleur point de vue sur toute la région. Dans cette tour, communément appelée « la tour du logis du maître », se réfugièrent les assiégés « franj » en 1271. La terrasse du réfectoire permet de gagner la tour de la fille du roi. Ses fondations datent du XIIe siècle, mais les mâchicoulis sont arabes. Elle abrite aujourd’hui un restaurant. Un escalier en spirale très étroit conduit à son sommet.
Du restaurant, on gagne la cour par un escalier tardif qui barre la façade de la chapelle. On retrouve la sortie du Krak par la rampe que l’on avait laissée à droite, à l’entrée de la citadelle.


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Le Château de Marqab
Le Margat des Francs vaut le détour. Sombre masse de basalte perchée sur sa colline, c’est l’une des plus vastes citadelles franques de Syrie, le triomphe du gigantisme. Du château, vous découvrirez un splendide panorama sur la côte, à deux kilomètres à vol d’oiseau. C’était du reste la raison d’être du château : contrôler du haut de ses 362 mètres l’étroite bande côtière, une des principales voies de communication des francs. A l’intérieur, une magnifique chapelle romane rappelle que le château fut l’une des principales possessions des Hospitaliers.

• Orientation
A 60 km au Sud–Est de Lattaquié, ou 47 km au Nord–Ouest de Tartous, c’est par l’autoroute côtière que l’on accède au site. Les voitures peuvent ensuite se garer près de la rampe d’accès du château.
Des bus de Tartous et Lattaquié desservent Baniyas ; vous pouvez ensuite accéder à Marqab en minibus ou en taxi.

Le site est ouvert tous les jours sauf le mardi, de 9 h à 16 h ou 18 h. Entrée 150 LS. Compter 45 min de visite.

• Points d’intérêt principaux
Vous serez impressionné par le massif mur d’enceinte que ponctuent 14 tours rondes ou carrées. L’une d’elles, la tour de l’éperon à l’extrémité sud du château, arbore une monumentale inscription de marbre blanc. C’est à partir de cette tour qu’agirent le gros des forces menées par le successeur de Baïbars en 1265.
On pénètre dans le château par la tour de la Porte située à l’Ouest. Cette construction bien conservée possède une belle entrée voûtée qui débouche sur la droite, dans la cour centrale.
La vie collective des moines–soldats de l’ordre des Hospitaliers s’organisait autour de cette cour. Vous y trouverez la chapelle, le donjon et plusieurs belles salles. La chapelle fut édifiée en style gothique en 1186. Avant d’y pénétrer, le regard se porte sur le splendide portail en calcaire, orné de riches moulures et d’élégantes colonnettes. Le portail Ouest est quasi identique. D’amples dimensions (23 m sur 10 m), la nef frappe le visiteur par la pureté de ses lignes. De part et d’autre du chœur, se trouvent deux petites sacristies : dans celle orientée au Nord subsistent quelques traces de peintures murales. On remarquera également le mihrab creusé dans le mur sud de la chapelle dès l’occupation musulmane. Du portail principal, le regard embrasse la mer toute proche.
Le donjon, massive construction de 21 m de hauteur, abrite une grande salle. Un escalier en ruine permet d’accéder à son sommet d’où la vue est saisissante. Accolé au donjon et desservi par le même escalier, un vaste bâtiment abrite plusieurs salles, que l’on visitera plus aisément à l’aide d’une lampe torche. A l’Ouest de cet ensemble, il y a encore deux bâtiments à deux étages de salles voûtées. A gauche de la chapelle on trouvera des locaux à usage domestique dont l’un renferme encore deux tours à pain (le château pouvait disposer de cinq ans de vivres).
Vous pouvez longer le mur d’enceinte dont les tours offrent de belles perspectives sur le littoral ou l’arrière–pays.

Le Château de Saône (Château de Saladin)
La forteresse franque était dite imprenable. Saladin y parvint cependant en 1187. Après le siège de Jérusalem en 1187, Saladin entreprit une fulgurante campagne à travers les États latins. Après un siège infructueux au Krak des Chevaliers, il dirigea ses pas vers Saône. Il ne fallut que trois jours pour enlever la place : tandis que Saladin faisait diversion devant le donjon à un jet de pierres des défenseurs, les troupes de son fils s’emparaient de la basse–cour et pénétraient dans le château, mal défendu de ce côté–là par un fossé inachevé.
Dressée vertigineusement sur un éperon rocheux aux parois verticales, la forteresse est protégée par des gorges naturelles profondes et escarpées, dans un splendide paysage de myrtes et de chênes, embaumé par les plantes du maquis.

• Orientation
A 35 km à l'Est de Lattaquié et à 410 m au–dessus du niveau de la mer, l’accès au château est aisé, par de bonnes routes asphaltées. Depuis la route de Lattaquié – Alep, prendre la direction d’Al–Haffé, puis suivre les panneaux (château à 5 km).
Les bus s’arrêtent à al–Haffé. Après quoi vous prendrez un taxi pour les 5 km restants. Il est conseillé de se munir d’une lampe de poche pour visiter les salles obscures du château. Compter une heure et demie de visite.

Le site est ouvert tous les jours sauf le mardi, de 9 h à 16 h ou 18 h. Entrée 150 LS.

• Points d’intérêt
• Le fort byzantin
À l’état de ruine, il ne se visite pas. En le contournant, on parvient à une boutique installée dans une ancienne défense franque à deux étages. De là, on peut atteindre la cour basse. C’est de la ville basse que les troupes de Saladin purent pénétrer dans la citadelle. En se dirigeant vers la sortie, on passe devant une chapelle byzantine.

• Le fossé
Creusé à même le roc sur une longueur de 156 m, le fossé permit de couper le château du plateau qui continue vers l’Est et de parfaire ainsi la défense du site. Seule une aiguille qui soutient le pont–levis fut épargnée par les Croisés. Monumentale, elle forme un curieux monilithe de 28 m de hauteur. On imagine mal, à l’ère des tunneliers et des explosifs, ce que devait représenter un tel percement au XIIe siècle. Près du parking, on remarque, à flanc d’enceinte, une vaste salle probablement utilisée comme prison et, en face, les vestiges d’une écurie identifiable aux attaches pour montures, percées à même la paroi.
• Les écuries
Une salle presque carrée de 32 m de côté, composée de cinq nefs définies par quatre rangées de piliers : voilà les écuries de la forteresse. Elles étaient pourvues d’abreuvoirs. Le flanc sud de la salle est équipé d’une citerne que l’on atteint par une des tours de l’enceinte.

• Le donjon
Des archers n’atténuent que peu l’obscurité des lieux. Le donjon abrite une vaste salle au centre de laquelle un imposant pilier central carré supporte un plafond en voûte d’arêtes. La même disposition se retrouve à l’étage, que l’on atteint par un escalier sur le côté Nord. L’accès à la terrasse permet de jouir d’une vue awdmirable du haut des 24 m du donjon. On reconnaît à ses pieds deux des anciennes murailles byzantines qui barrent la cour. C’est de ce même donjon que les Croisés vaincus ont pu partir libres contre une rançon (10 dinars pour les hommes, 5 pour les femmes et 2 pour les enfants.

• La mosquée et le hammam
Contrairement aux autres forteresses croisées prises par les Musulmans, la mosquée ne fut pas installée dans une chapelle désaffectée. Datée de la période du sultan Qalaoun par la mention portée sur la porte basse du puissant minaret carré, elle complétait un ensemble d’édifices, dont un palais. Ce dernier possède une entrée composée de trois niches sphériques à mouqarnas, et une plate–bande à décor d’entrelacs géométriques. Le palais était équipé d’un hammam aujourd’hui restauré. Une cour centrale, composée de quatre iwans avec fontaine centrale, desservait des salles de bains, qui possèdent toujours leurs canalisations ainsi que de belles plaques de marbre multicolores.

Ougarit
C’est à Ras Shamra, la colline au fenouil, que le site d’Ougarit fut découvert en 1929. Ce grand port cananéen n’était jusqu’alors connu qu’à travers les archives d’Amarna, la capitale égyptienne d’Akhénaton au XIVe siècle avant notre ère. On découvrit à Ougarit le premier alphabet de l'’histoire, fournissant une abondante documentation sur des tablettes cunéïformes. Pour les archéologues, la magie d’Ougarit tient au fait que, peu à peu, la ville complète se livre : depuis ses fortifications jusqu’à ses ponts, en passant par ses temples, ses quartiers d’habitation modeste ou luxueux, ses rues, et bien sûr son labyrinthique palais. Même si, pour le néophyte, ces amas de ruines semblent peu parlants, le visiteur qui en prendra le temps pourra rencontrer tous les aspects de cette ville qui était l’une des plus riches d’Orient à la veille de la catastrophe qui mit fin aux civilisations de l’Âge de bronze. Les palais tout comme la poterne témoignent combien les maçons d’Ougarit étaient passés maîtres dans l’utilisation et la taille de la pierre.

• Orientation
A 15 km au Nord–Est de Lattaquié, vous accéderez au site en voiture, par la sortie Nord de Lattaquié ; le site est signalé et il existe un parking devant l’entrée.
Des minibus font également le trajet depuis Lattaquié, y compris tard le soir. Compter deux petites heures de visite.
Le site est ouvert tous les jours du lever au coucher du soleil. Entrée 150 LS.

• Points d’intérêt
• Remparts et poterne
Des multiples fortifications qu’a connu Ougarit, la section ouest est la mieux conservée, avec sa tour carrée qui protégeait le palais, et sa poterne qui en permettait l’accès. Le glacis est particulièrement incliné : ces vestiges n’étaient sans doute plus utilisés lors de l’incendie définitif d’Ougarit. On accédait alors directement au palais par une rampe qui n’est plus visible.

• Le quartier des palais
L’entrée gardée du site permet d’accéder au seuil du palais royal d’Ougarit, composé d’une multitude de pièces étagées sur deux ou trois niveaux et accolées au fil de ses 200 ans d’existence. Des panneaux indiquent la fonction de chacune d’entre–elles. Le palais royal était si richement décoré et meublé que sa renommée était parvenue aux oreilles du pharaon Aménophis III. L’entrée officielle était ornée de deux colonnes dont la base des fûts est encore visible. Sur la gauche, une bibliothèque abritait une importante collection de tablettes. En face, une vaste cour dallée possédait un puits à l’angle sud–ouest et un système d’adduction d’eau. A l’est de cette cour, de nombreuses pièces abritaient le centre administratif de la ville et les installations funéraires. Enfin, un vaste jardin agrémentait le tout.
Au Nord et au Sud du palais royal, plusieurs bâtiments ont été découverts, sans que l’on ait jusqu’à présent pu en déterminer l’usage avec précision : le palais Nord, à la cour centrale à orthostates enduits de bitume, certainement abandonnée bien avant la destruction d’Ougarit ; le grand bâtiment qui lui fait face et dont l’exceptionnel caveau funéraire a été dégagé il y a une vingtaine d’années ; enfin le petit palais qui abrite également un caveau.

• L’Acropole
Au Nord–Est du Tell, dominant la cité, l’acropole présentait à ses visiteurs deux temples principaux, l’un consacré à Baal (dieu de l’orage), l’autre à Dagon (dieu des morts). Ces massives constructions étaient visibles depuis le port.

• Le quartier résidentiel
Conçues sur un plan relativement semblable à celui du palais royal, les demeures des riches Ougaritains offraient la particularité d’héberger à la fois les vivants et leurs ancêtres décédés. Une ouverture au niveau du sol d’une petite pièce de chaque maison permettait de gagner la chambre funéraire par une volée d’escaliers. Le plus bel exemple de cet aménagement se trouve dans la maison de Rapanou, dignitaire de la cour de la ville, dont le voisin Rashapabou, était responsable du marché d’Ougarit. Les demeures ont livré des objets variés, souvent très luxueux, de facture locale étrangère, voire d’imitation comme des scarabées égyptiens et des ivoires.

Tartous
Tartous est une station de tourisme pour les estivants locaux. Les terrains de camping et marchands d’articles de plage l’attestent. Ce qui vous attirera surtout, c’est son brillant passé médiéval : pendant les Croisades, Tartous fut le principal port des Francs et la plus grande place forte des Templiers. Les murailles de la citadelle sont toujours debout, tout comme la cathédrale, une des merveilles de l’architecture franque en Terre Sainte. La vieille ville est assez pittoresque, avec ses passages voûtés, ses escaliers et ses maisons imbriquées au cours des siècles dans les anciens édifices. Autre promenade agréable : le front de mer, avec ses bateaux colorés et ses petits restaurants. Sans oublier l’excursion à l’île tout proche d’Arwad, la seule que possède la Syrie.

• Orientation
A 35 km à l’Ouest de Safita, 90 km au Sud de Lattaquié, 96 km à l’Ouest d’Homs. Tartous est facilement accessible en voiture et en bus depuis les villes côtières. Intra muros, vous trouverez facilement des bus et taxis dans le centre. Compter 2h pour la visite de la ville seule, 2 à 3 h supplémentaires avec l’excursion à l’île d’Arwad.

• Points d’intérêt
• La citadelle
Des ruelles étroites conduisent aux habitations installées dans les vestiges de la citadelle. Il faut la parcourir attentivement pour y découvrir l’organisation de la ville franque.
Un porche profond marque l’entrée de l’ancien cœur de la citadelle. On distingue nettement le donjon à l’énorme base carrée, la grande salle où se réunissaient les maîtres de l’ordre du Temple. En empruntant une ruelle à l’est, on parvient à la chapelle qui a conservé son beau portail aux voussures brisées.
A Tartous, plus qu’à Bosra, Serhilla ou Shabba, ces lieux historiques restent vivants grâce à la population qui se les approprient dans leur vie quotidienne et leur confère un grand charme.
Vers l’entrée principale de la forteresse, dont une partie abrite une mosquée, on peut admirer le fossé et les anciens remparts transformés en immeubles à étages. Les pérégrinations dans la citadelle ne mènent jamais bien loin de la corniche. Du donjon, il ne reste pas grand chose, mais il s’impose au regard en fin de journée, lorsque le soleil couchant vient lui rendre sa puissante couleur.

• La cathédrale
Ouverte tous les jours de 9 h à 16 ou 18 h. Entrée 150 LS.
Chef d’œuvre d’art croisé, la cathédrale cache sa beauté derrière une façade austère, qu’adoucissent les colonnettes des cinq fenêtres. Le portail fut reconstruit au XIXe siècle. L’édifice doit sa belle couleur ocre au matériau utilisé : la pierre maleki, proche du travertin, est un calcaire coquillier qui comporte des filons sablonneux que le temps désagrège. A l’intérieur, la nef centrale en berceau brisé est complétée par deux bas–côtés à voûtes d’arêtes.
Énorme cube de maçonnerie, le pilier central de l’aile Nord est particulièrement étonnant. On a sans doute voulu ici conserver l’entrée de la chapelle byzantine qui contenait l’autel consacré à la Vierge et l’icône attribuée à Saint Luc.
Témoignant des évolutions des styles architecturaux en Occident, des éléments romans cohabitaient avec d’autres plus récents, de style gothique. La cathédrale fut remaniée à plusieurs reprises, notamment après le passage de Saladin. Par la suite, elle se vit renforcée de quatre tours dont deux subsistent aux angles est du bâtiment.
Après avoir subi quelques revers de fortune, elle fut transformée en musée. Elle accueille aujourd’hui diverses collections provenant en majorité des sites du littoral. Notamment des tablettes d’Ougarit, des poteries islamiques de Raqa, la maquette du Krak des Chevaliers, des statues et verres soufflés romains, des objets de navigation, jarres et plats. L’abside centrale présente un imposant sarcophage de marbre blanc dont la décoration est inspirée du mythe de Tammouz (l’Adonis des Grecs), ainsi qu’une fresque rapportée du Krak. A droite vers la sortie, on remarque plusieurs sarcophages avec masques funéraires, remarquables témoignages des rites funéraires phéniciens.

• Les environs de Tartous
• L’île d’Arwad
Une bande de terre d’à peine 800 mètres de long à 3 km au large de Tartous : voilà Arwad. On n’y trouve pas de voitures, mais des pêcheurs. Sur la jetée du port où tanguent des bateaux peints de couleurs vives, les terrasses de plusieurs restaurants proposent leurs poissons grillés. L’occasion d’un sympathique déjeuner dans une atmosphère qui rappelle la Grèce.
Vers l’intérieur, des petites ruelles tortueuses mènent à une citadelle qui date de la période ottomane. Elle occupe l’emplacement de la forteresse des croisés dont on reconnaît ça et là quelques vestiges.

• Safita
Située à 10 km au Sud de Draykich et à 35 km à l'Est de Tartous, Safita offre des paysages magnifiques, entourée de coteaux d'oliviers et de roseraies. La ville, avec ses maisons blanches couvertes de tuiles, occupe l'emplacement d'une forteresse ancienne connue à l'époque des Croisés sous le nom de Castel Blanc. La visite vaut le détour, pour le donjon formidable (38 m de hauteur) dans laquelle se trouve une chapelle toujours en activité.
Plusieurs sites archéologiques jouxtent Safita : Hosn Souleiman (fondations romaines), Arimah et Qalaaat Yahmour (fondations franques).

Lattaquié
Lattaquié est le port principal de la Syrie, sur la Méditerranée (186 km au sud–ouest d'Alep), ce qui fait de la ville l’un des poumons économiques du pays. Lattaquié est l'une des cinq villes fondées par Séleucos Nikator au IIIe siècle avant J.–C. qui lui donna le nom de sa mère Laodicée.
Mais la ville a conservé peu de choses des siècles passés. Seule a subsisté dans sa partie sud une partie (quatre colonnes et un arc) d'un grand monument romain remontant à Septime Sévère. Il existe aussi un bel édifice ottoman qu'on appelait khan Eddukhan devenu aujourd'hui l'un des musées syriens les plus importants.
Le peu de vestiges anciens de Lattaquié n’empêche en rien son dynamisme touristique. La ville attire les vacanciers en quête de bains de mer et de promenades et constitue un point de départ pour les excursions à travers la Syrie côtière que ce soit vers les plages ou vers les montagnes boisées qui longent la côte. Cette dernière regorge en effet de sites passionnants.
Citons d’abord, à 16 km au Nord de Lattaquié, l'un des sites historiques les plus célèbres du monde : Ras–Shamra. La ville fut le siège de la Royauté d'Ougarit qui du XIIe au XVIe siècle avant J.–C. connut son âge d'or tant au plan de l'organisation administrative qu'au plan de la culture, de la diplomatie, du droit, de la religion et de l'économie. C'est Ougarit qui offrit à l'humanité cette extraordinaire création que fut le premier alphabet du monde.
Citons également le château de Saône et Tartous, le grand port des Croisés, à 90 km au Sud. Confortablement installé sur une plage de Ras ibn Hani, au Nord de la ville, vous pourrez aussi pendant quelques heures laisser le guide et l’appareil photo du touriste pour le maillot du vacancier.

• Orientation
Lattaquié est à 186 kilomètres au sud–ouest d’Alep, 90 km au Nord de Tartous. L’accès en voiture est facile. Du Sud, vous emprunterez l’autoroute du littoral. Depuis Alep, la route est plus pittoresque, franchissant un col au–dessus de Jisr après avoir traversé la fertile plaine du Ghab. La descente sur Lattaquié s’effectue en empruntant les gorges, par endroits très encaissées, du Nahr el–Kébir.
La gare est située à l’est de la ville, à 1,5 km du centre. Elle est reliée à Alep et Damas plusieurs fois par jour. Si vous ne devez prendre le train qu’une fois, choisissez de faire le trajet pour Alep : un parcours aérien splendide dans les gorges du Narh el–Kébir vous attend.


• Points d’intérêt principaux
• Vestiges de Laodicée
Des prospères cités séleucide, romaine, byzantine et croisée, il reste bien peu de vestiges. Seul l’important tétrapyle, dit « séblé », élevé au cours du IIe siècle au sud de la ville, mérite une visite. Il se trouve au bout d’abdel Kader al–Jazairi Sreet.
Quatre colonnes massives supportent encore un dôme miraculeusement épargné par les tremblements de terre. Une trace de colonne antique demeure au bout de la rue parallèle, Yarmuk Street. La voie antique (cardo maximus) aboutissait tout près. Les quatre colonnes dressées place Joumourié proviendraient d’un temple dédié à Adonis.
Le théâtre romain a été mis à jour près de la mosquée Mograhbi. Au hasard de vos promenades dans la vieille ville, vous identifierez peut–être des colonnes antiques remployées dans des constructions plus récentes.

• Mosquées
Deux mosquées méritent une visite : la Grande Mosquée, dans Saif al–Dawla Street, au début du XIIIe siècle, et non loin la mosquée al–Jadid sur Filasteen Street, qui date du XVIIIe siècle et fut élevée par Souayman Pasha, oncle du bâtisseur du palais Azem de Damas.

• églises
L’importante communauté grecque orthodoxe de la ville entoure ses églises d’un soin tout particulier. Celle dédiée à la Vierge Marie (sur Filasteen Street) possède une belle iconostase décorée de marbre (XVIIIe siècle). L’église Saint–Nicolas, sur Maylassoun Street, abrite une collection d’icônes syriennes des XVIIe et XVIIIe siècles, ainsi qu’un trône en ébène du XVIIIe.

• Le musée
Ouvert tous les lundi et mercredi de 9 h à 18 h en été, 16 h en hiver. Entrée 150 LS.
L’intérêt majeur du musée réside dans le lieu même, un ancien caravansérail aux belles voûtes, dont l’étage supérieur, construit sous le mandat français, hébergeait le gouverneur de l’Etat des Alaouites. Le grand nombre de fûts de colonnes entassés dans un angle du jardin trahit l’importance de Lattaquié dans l’antiquité.
Vous verrez aussi un moule à lingots, exhumé à Ras Ibn Hani, qui servait à la fabrication de lingots de cuivre provenant essentiellement de Chypre.

• Les plages
Les plages sont toutes situées au Nord de Lattaquié. Les taxis connaissent les modestes plages de Jules Jamal, Afamia, Ougarit ou du Club des Enseignants.
Vous trouverez les meilleures plages sur la presqu’île de Ras Ibn Hani, à 9km, sur la route de Ras Shamra (ancienne Ougarit), notamment celles du Méridien et du Cham Palace (payantes). La presqu’île conserve en outre, sur un promontoire en face de l’hôtel Méridien, quelques vestiges de l’époque d’Ougarit. Le tell d’Ibn Hani est peu marqué, mais on ne s’y trompera pas : c’est l’un des rares endroits encore en friche de la côte. La ville fut habitée du XIIIe siècle avant JC au VIIe siècle après JC.

• Les environs de Lattaquié
• Ras Al–Bassit
Situé à 50 km au Nord de Lattaquié, c’est l'un des plus beaux sites de la côte méditerranéenne: une longue baie ourlée de plages de sable, encadrée de collines et de montagnes verdoyantes. Sur les pentes, à l'ombre des futaies s'éparpillent chalets, campements et restaurants qui attirent les vacanciers locaux.

• Baniyas
A 55 km au sud de Lattaquié, Baniyas était un ancien port phénicien. Connue à l'époque grecque sous le nom de Balanea, la ville était célèbre pour ses vergers et ses jardins ainsi que pour ses exportations de bois. Ce port est aujourd'hui réputé comme étant un débouché important pour le pétrole. Toutefois, les jardins qui enserrent ses blanches habitations, les vergers de citronniers qui l'entourent et sa plage sablonneuse qui va rejoindre celles de Tartous conservent à la ville un environnement naturel d'une grande beauté. Dans les hautes montagnes boisées qu'on aperçoit derrière la ville, la citadelle d'Al Marqab surmonte l'un des sommets. Elle apparaît de loin, majestueuse et immense, enveloppée dans un halo gris bleu qui ajoute à sa magnificence.