Au cœur de la steppe, Palmyre, la Reine du désert, sera lune des étapes majeures de votre voyage en Syrie. La ville, inscrite au patrimoine mondial de lUnesco, justifie à elle seule un voyage.
Vers lOuest et le Nord, elle se protège contre le flanc de montagnes hautes de près de 900 m. Ainsi, venant de Damas, il faut attendre le dernier virage pour découvrir la plus célèbre oasis dOrient : des dizaines de palmiers, doliviers et de grenadiers qui servent décrin verdoyant à cette ancienne cité caravanière dont le désert fit la fortune et la renommée.
Accroché aux colonnes de la ville flotte toujours un parfum daventures et de mystère qui enflamme limagination des Bédouins. Son parfum a des effluves féminines, flottant dans le souvenir de la fière Zénobie, souveraine arabe qui osa défier lempereur romain, ou celui encore de Lady Esther Stanhope, qui se fit couronner reine de loasis par une assemblée de plusieurs milliers de Bédouins, au début du XIX
e siècle.
La ville est en fête en juin, où elle accueille un festival du désert coloré et fin septembre, la cité devient le terrain de jeu des musiciens et des comédiens, pendant le festival de la Route de la soie.
• Orientation
Palmyre se trouve à 207 km au nord–est de Damas. À peu près à la même distance de Deir ez–Zor, au sud–ouest. Elle est reliée par route avec les principales villes du pays : Damas, Hama, Homs (par lantique route caravanière), Deir ez–Zor et Alep.
Les gares routières (bus Pullman) se trouvent en dehors du centre–ville, à 3 km environ. Vous trouverez des minibus dans le centre ville.
Dans Palmyre, laxe principal qui traverse les ruines est la route Damas Deir ez–Zor. Venant de Homs ou Damas, on laisse à droite lhôtel Cham, à gauche la nécropole principale. Longeant loasis se dressent le sanctuaire de Baal et, à gauche, la colonnade principale avec en toile de fond, la montagne surmontée du château arabe. Au–delà, on atteint le village moderne où sont groupés hôtels et restaurants.
• Points dintérêt
Il vous faudra au minimum une journée pour découvrir Palmyre ; le site sétend sur plus de 10 km
2, et la liste des choses à voir est longue.
A ne pas manquer : le musée, le temple de Baal, la colonnade et le coucher de soleil du château arabe ou dune autre hauteur.
• Le Sanctuaire de Baal
Ouvert de 8 à 13 h et 16 h à 18 h en été. De 8 h à 13 h et 14 h à 16 h en hiver. Pendant le Ramadan, le site ferme à 15 h.
Les dimensions du sanctuaire, vaste enceinte carrée de 175 m de côté, létat de conservation de la cella placée en son centre font de ce monument lun des plus fabuleux du Proche–Orient romain après Baalbek.
Cest sur lemplacement dun temple hellénistique quen lan 32, la cella fut dédiée à trois divinités : Baal, Yarhiboôl et Aglibôl, toutes trois du panthéon palmyrénien. Cette édification marque sans doute laffirmation de la souveraineté romaine à Palmyre. Il faudra ensuite attendre le début du II
e siècle pour que le péribole soit agrandi et enceint de deux rangées de colonnes. Le portique des guichets ne fut achevé quà la fin du II
e siècle.
Dans la vaste cour du sanctuaire, on se tourne vers la cella. Elle est encore en partie entourée des colonnes de son péristyle. Il était couvert de dalles portées par des poutres de pierre. Le portail, dont la base a été restaurée, est dune taille impressionnante. La griffe syrienne sur cet édifice apparaît nettement dans la richesse de la décoration (palmettes, guirlandes de fruits, feuillages). Dans laxe de ce portail souvre la cella, vaste pièce de 10 m sur 30, qui constituait le cœur du temple. Se faisant face, deux thalamos, la partie la plus sacrée du temple, qui abritaient les statues des divinités. Celui de gauche possédait un escalier et une chambre annexe. Le plafond richement décoré porte en son centre leffigie de Jupiter (astre associé à Baal), entourée dun premier cercle représentant les 6 planètes, et dun 2
e portant les 12 signes du zodiaque. Le thalamos sud est également surmonté dun bloc monolithe pesant plusieurs dizaines de tonnes, à la décoration purement géométrique et florale. La volée descaliers qui y conduisaient est bien conservée. Deux autres escaliers placés à lintérieur de la chambre sacrée conduisait au toit de lédifice. La chambre comporte un mihrab qui atteste la transformation de la cella en mosquée. En sortant de la cella, on notera dans la cour du sanctuaire, à gauche, les traces dun bassin de lustration et à droite, celles dun autel.
Derrière lautel ont été identifiées les fondations dune salle de banquet près dune voie processionnaire bordée de gradins qui servait à conduire les animaux au sacrifice.
• La rue principale
Le decumanus de lantique Palmyre a ceci de singulier quil nest pas rectiligne. Trois sections marquent dest en ouest laxe principal de la ville romaine et correspondent à des périodes et fonctions différentes.
La première section relie le sanctuaire de Baal à larc monumental. Cette partie la plus récente (III
e siècle) est hélas très en ruine. Subsistent quatre colonnes gigantesques qui ont été relevées. Le superbe arc monumental marque la transition entre la première section religieuse et la deuxième qui desservait les bâtiments officiels.
Pour masquer la bifurcation du decumanus, larc est composé de deux arcs imbriqués, lun regardant le temple de Baal, lautre laxe intérieur de la cité : leffet est remarquable, dautant que le décor de glands, de feuilles de chêne, rosettes et rinceaux dacanthe est saisissant. La vue sur la colonnade et au–delà sur le château arabe à travers son arc central en fait le symbole de la ville.
La voie bordée de portiques qui souvre nétait pas pavée afin de permettre aux chameaux de lemprunter. Elle remonte à la fin du II
e siècle. Non loin se trouve le sanctuaire de Nebô (attaché à Apollon) ; un autel monumental fait face aux escaliers qui conduisaient à la cella.
On trouve ensuite quatre colonnes de granit provenant dEgypte, marquant lentrée des thermes de Dioclétien. Au sol, on relève lemplacement de plusieurs pièces entourant un bassin central. Les thermes datent en fait de Sévère ; ils ont été restaurés sous Dioclétien.
La fonction commerciale de la rue qui suit est marquée par les emplacements de boutiques qui souvrent sous les portiques, juste avant datteindre le théâtre, profondément restauré. Cest sa taille modeste qui frappe : douze rangées de gradin sont relevées. Peut–être nétait–il réservé quà lélite ?
A louest du théâtre, plusieurs bâtiments administratifs ont été relevés. Le plus important est lagora. Sa vaste cour rectangulaire à ciel ouvert était entourée dun portique à colonnes dont la base des fûts est encore bien visible ; ce portique était doublé dun mur denceinte aux ouvertures richement décorées. Centre de la vie publique, lagora donnait à lE st sur une annexe où fut découvert, au XIX
e siècle, le « Tarif de Palmyre » une stèle de près de 5 m de large comportant plus de 400 lignes gravées sur ordre du Sénat. Cette stèle fixait le montant des taxes à acquitter par les caravanes pénétrant dans Palmyre. Une grande partie des revenus de la ville provenait de ce droit doctroi. (Cette stèle est conservée au musée de lermitage à Saint–Pétersbourg).
Le carrefour majeur de la ville est marqué par un tétrapyle qui donne accès à une rue à colonnes qui coupe le decumanus vers le Sud. On reconnaît aisément la seule colonne antique de granit rouge importé dEgypte (Assouan).
Ta troisième section du decumanus part légèrement à droite vers le camp de Dioclétien. Cette portion, la plus longue de la rue (500 m) est également la plus ancienne, et dessert de part et dautre des quartiers résidentiels peu fouillés. Le sol fait apparaître par endroits les vestiges des canalisations. Un temple funéraire accueille le visiteur plus loin. A sa gauche, une nouvelle colonnade transversale souvre, desservant le camp de Dioclétien. Il fut construit trente ans après le sac de Palmyre, à lheure où lempire Romain était menacé par les attaques sassanides. Complexe militaire, il comprenait un temple aux enseignes, quon atteint par une volée descaliers. On y célébrait les cérémonies du culte guerrier.
• Le château arabe
La vue depuis le fossé du château embrasse lensemble des ruines, loasis et les tombeaux. Les rayons du soleil colorent locre des calcaires des colonnes et des temples, ainsi que les murs de lenceinte construite par Dioclétien et renforcée par Justinien. Souvent associé à lémir du Liban du XVII
e siècle, qui aurait ici affirmé un esprit de fronde contre lempire ottoman, le château remonterait plutôt au XII
e ou XIII
e siècle, tout comme la fortification du temple de Baal.
• Le temple de Baalshamin
Vous le trouverez sur la route de larc monumental vers la ville.
Le culte de ce dieu cananéen, « maître des cieux », prit un essor important à partir des Séleucides. Le sanctuaire, édifié progressivement, comprend trois cours à péristyles qui sétendent jusquà lhôtel Zénobia. La façade du temple est ornée de quatre colonnes. La cella possède un thalamos semi–circulaire particulièrement soigné.
• Le musée folklorique
Ouvert de 8 h à 14 h 30. Entrée 150 LS.
Situé entre le temple de Baal et larc triomphal, ce musée est dédié à la vie du désert. Des scènes y sont reconstituées, dont le cérémonial du café, par des mannequins. Vous y verrez également une présentation déquipements bédouins.
• Le musée des antiquités
Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 8 h à 13 h, 16 h à 18 h en été. En hiver, de 8 h à 13 h et 14 h à 16 h. Entrée 150 LS.
Véritable bijou, ce musée mérite au moins une heure de visite. Il est possible davoir des explications en français. Vous y verrez notamment des panneaux présentant lécriture palmyrénienne, la maquette du temple de Baal, un bateau palmyrénien à double gouvernail, un magnifique relief de chameau bâté, un autre daigles du temple de Baalshamin, des mosaïques. Et, vous verrez de splendides reliefs décorés de scènes de banquet funéraire, qui montrent la grande habileté des artistes palmyréniens.
• Les tombeaux
Les riches nécropoles de Palmyre dénotent le souci des Palmyréniens de marquer leur siècle. La plus importante de ces nécropoles, la « vallée des tombeaux », longe loued al–Qaoubour à louest de Palmyre.
Elle abrite de nombreux tombeaux en forme de tours, le plus ancien style attesté, remontant peut–être à la période hellénistique. Parmi les nombreux témoignages de cet art funéraire qui tapissent les flancs de la petite colline dOum al–Belqis, la tombe de Jamblique est la mieux conservée. Elle date de lan 83. Sur trois étages, elle pouvait accueillir deux cents sépultures.
Le plus important des « tombeaux tours » est celui dElahbel, avec une capacité de trois cents sépultures.
Certains sont constitués de chambres souterraines (hypogées), comme celle de Yarhai qui est aujourdhui reconstituée au musée de Damas.
Une autre nécropole se trouve non loin de lhôtel Cham ; elle est principalement composée dhypogées. « Le tombeau des trois frères » est accessible par un escalier précédé dune inscription de fondation qui date du milieu du II
e siècle.
Non loin, lhypogée dAtenatan (an 98) est particulièrement intéressant par la sculpture plus récente (229) qui représente le défunt en train de participer à son banquet funéraire, allongé sur son sarcophage.
De lautre côté de la route de Damas, se trouve une troisième nécropole comprenant notamment lhypogée dArtaban, bien conservé car découvert lors du tracé du pipeline en 1957.